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 Art et essai, surtout essai

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matort
Grand gardien du temple gouddhiste (Label Qualité Gouddhiste)
matort


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MessageSujet: Art et essai, surtout essai   Art et essai, surtout essai EmptyLun 20 Fév à 20:21

Voilà, je viens juste de finir une petite nouvelle (certes une nouvelle est petite par définition mais c'est au cas où on trouve la mienne trop courte...) et voila, ça me fait bien plaisir...

sm9 En exclu, la voici sm9

(en plusieurs posts parce qu'elle est tout de même un peu longue )

Bonne lecture...


Dernière édition par le Lun 20 Fév à 20:43, édité 1 fois
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matort
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MessageSujet: ...   Art et essai, surtout essai EmptyLun 20 Fév à 20:41

LE REVEIL


J’ai froid. Le simple fait de penser aux extrémités gelées de mon corps me fait mal. J’ai faim. Une douleur sourde et intense inonde mon estomac qui gronde. Je ne réfléchis plus. Du moins, je préfère croire que je ne réfléchis plus. Mais en fait ma tête tourne et me tourmente. Pourquoi suis-je ici, recroquevillé dans une pièce sombre et humide ? Et pourquoi donc cette pièce n’a ni fenêtres, ni portes, ni ouvertures d’aucune sorte ? COMMENT SUIS-JE RENTRE ICI ?

Cette question a résonné plus fort dans ma tête que toutes les autres. Une dizaine de minutes s’est écoulé depuis que je me suis réveillé et je viens juste de comprendre que s’il ne m’est pas possible de sortir de cet endroit, il n’était normalement pas possible que j’y rentre. Normalement, voila un mot qui sonne faux. Normalement, je devrais savoir pourquoi je ne suis vêtu que d’un caleçon blanc et sale, terré dans un coin de cette pièce sinistre.

Quelle heure est-il ? Non, non, plus que l’heure, quel jour sommes nous ? Le dernier souvenir qui me revient est le moment où je posais ma tête sur mon oreiller, soulagé à la pensée de la traditionnelle grasse matinée du samedi matin qui m’attendait. Peut-être sommes nous samedi matin, on m’aurait transporté ici pendant mon sommeil ? Non, non, ce n’est pas crédible, je n’ai pas le sommeil si lourd. Amnésie… oui, ça doit être ça… C’est un sujet bien exploité par les séries télévisées dont je me gave les jours où je suis seul chez moi. Mais ces séries exprimaient bien mal la complexité de ce que l’on ressent et le nombre de questions sans réponses qui se bousculent, se superposent, s’annulent et s’entrechoquent dans ma tête. Je ne sais pas ce qui a provoqué ce phénomène, je ne sais pas non plus ce que j’ai pu faire, non, ce qu’on a pu me faire avant que j’arrive ici. Je ne sais rien. Ma tête me fait mal, elle va exploser si je ne…

Je me lève. Faire le vide, oui c’est ça, faire le vide… Calme-toi, ferme les yeux, oui comme ça c’est mieux, respire calmement, rouvre les yeux, observe. Mes yeux se sont désormais habitués au noir épais qui inonde la pièce, si bien que j’arrive à voir que ce sont quatre murs de briques rouges qui m’entourent, des murs tels ceux en quoi sont bâties les vieilles usines. Mes pieds nus sont couverts d’une glaise épaisse, voila donc pourquoi cette pièce est si humide. Le plafond, comment est le plafond ? Je ne le vois pas, même en me concentrant et en fronçant les sourcils. Les murs, oui, je dois suivre les murs des yeux et je tomberais bien sur ce satané plafond… 2m, 5m, peut-être 10m, les murs s’immergent peu dans un noir intense… Il n’y a pas de plafond. Mais où suis-je ?

Je n’ai plus qu’une idée en tête, je dois sortir d’ici, c’est la seule solution pour pouvoir ensuite répondre à toutes les questions que j’ai laissé en équilibre provisoire dans le vide de mon cerveau fatigué. Je m’approche du mur le plus proche à tâtons, je colle mon oreille et écoute. Rien d’autre que le bruit étonnant de la brique, un bruit indescriptible, long, à la fois sourd et lourd. Je n’aurais jamais cru que les briques faisaient du bruit. Non, ce n’est pas le mur qui fait ce bruit, c’est le silence… Oui j’en suis sûr maintenant, c’est ce silence si intense qui fait tant de bruit. Je décolle mon oreille de ce mur, mon regard trouble se fixe peu à peu sur la brique rouge intense qui se tient devant mes yeux. Des gouttelettes. Ce sont bien des gouttelettes qui forment ces minuscules bosses sur la brique. Mon dieu ! Qu’est ce que je suis entrain de faire ? Je suis entrain de lécher ces briques et je me délecte de ces minuscules gouttes qui se sont formés à cause de l’humidité ambiante sur ces murs. J’avais entendu parler des reflexes de survie que l’on a du mal à expliquer, c’en est un. Je n’ai pas seulement faim, j’ai atrocement soif. Toutes ces questions qui ont envahis mon esprit m’ont détourné de ces besoins physiologiques primaires sans lesquels l’homme ne saurait survivre. Je suis donc maintenant entrain d’essayer d’épancher cette soif en léchant chaque parcelle de mur où j’aperçois des traces d’humidité.

Voila au moins une réponse, oui, nous ne sommes certainement pas samedi comme j’ai pu le croire. Je me sens tellement faible que cela doit faire plusieurs jours que je ne me suis pas alimenté. Je sais au moins qu’ici j’ai de quoi boire. C’est déjà ça. Mais je ne me fais pas d’illusion, je ne pourrais pas tenir bien longtemps sans manger. Quitter cet endroit, oui voila, je dois revenir à cette préoccupation au plus vite. Mes mains parcourent les murs, sur chaque brique que je peux atteindre j’essaye de trouver quelque chose de suspect : un joint absent, une fêlure, un bruit ou une texture différente qui pourrait indiquer une densité bizarre. Mais non, tantôt sur la pointe des pieds, tantôt à genoux dans la glaise, je multiplie les efforts qui m’épuisent et je ne trouve aucune trace d’ouverture.

J’ai déjà touché cette brique… Oui ça y est j’ai donc dû faire le tour. Je me laisse tomber à terre, je suis éreinté. Si j’avais le courage d’ouvrir les yeux je pourrais m’apercevoir que mes doigts sont bleus et qu’ils saignent à force d’avoir effleuré ces murs. J’avais à peine posé un pied sur la passerelle de l’espoir que je plongeais pieds et poings liés dans le gouffre du doute. Je ne pourrais jamais sortir d’ici.

Non, on va venir me chercher, c’est un malentendu j’en suis sûr. Pourquoi est-ce la pensée du complot ou du piège qui me vient en premier à l’esprit ? J’ai toujours été alimenté d’idées fantasques, craignant toujours le pire, et j’ai toujours obtenu des réponses bien fades, beaucoup plus terre à terre. Apeuré, j’ai finalement toujours fini avec une pointe de déception, comme si j’attendais un évènement extraordinaire pour commencer à réellement vivre. Mais là, c’est différent, je ne vois pas d’issue, ni dans ma tête tourmentée, ni dans cette pièce sordide.

Crier… Mais oui, bien sûr… trop préoccupé à m’interroger et à retourner dans tous les sens des questions auxquelles je ne trouverais pas la réponse, j’en oublie de penser calmement et méthodiquement. La méthode, il me semble que c’est ce qui m’a toujours manqué. Je ne trouvais déjà pas d’intérêt particulier à mettre dans l’ordre dans une dissertation ou un développement mathématique, ce qui explique certainement mon cursus universitaire catastrophique, et d’un point de vue immédiat, mon incapacité à réfléchir efficacement. Parce que si ça avait été le cas, j’aurais certainement mis dans les priorités immédiates la demande à l’aide. A L’AIDE… AU SECOURS… OUH OUH… AIDEZ-MOI…

Résultat catastrophique, non seulement seul le silence à eu la politesse de me répondre, mais en plus 5 ou 6 cris désespérés ont suffit à m’épuiser totalement. Je m’assois par terre, pour souffler, et décide que pour une fois, mon égo doit passer après cette satané méthode. J’ai toujours su que ce ne serait pas chose facile que de mettre de l’ordre dans mes pensées diverses et éparses, mais cette fois je sais que ça va prendre un temps immensément long. Je ne peux m’empêcher de me dire que ça tombe plutôt bien, je n’ai rien d’important à faire dans l’immédiat, un sourire se dessine au coin de mes lèvres. Constat à la fois terrible et réconfortant, dans n’importe quelle situation l’homme est capable de faire de l’humour.

Réfléchir, c’est ce que je fais depuis que je me suis réveillé, mais là c’est différent… J’y mets de la méthode, j’essaye de faire la liste de ce que j’ai déjà fait, et j’espère secrètement, mais très fortement, que la solution sera là, évidente, me tendant les bras en souriant pour me faire comprendre que j’ai encore paniqué et agit en imbécile au lieu de m’organiser calmement. J’ai cherché une issue, j’ai appelé à l’aide, j’ai cherché à comprendre, j’ai bu un peu, mais surtout je me suis formidablement essoufflé… Rien. Peut-être qu’elle est quand même là cette solution, avec ses bras grands ouverts, mais je ne la vois pas dans ce noir épais. Ou si, c’est peut-être ça finalement, cette petite idée qui trotte dans ma tête et qui faute de trouver la moindre résistance, fait son chemin. Il ne me reste que quelques possibilités de toute façon, et quoique je veux en penser, je le sais. Alors, faisons le avec méthode. Pour trouver la réponse à mes questions, je dois sortir. Pour sortir, je ne vois que deux solutions, grimper ces murs sans fin ou creuser dans cette horrible glaise. Si je n’y arrive pas, et je sais que je n’y arriverai pas, je devrais attendre de l’aide, ou finalement attendre ma fin. Je m’en veux d’être si pessimiste mais finalement être réaliste est-ce un défaut ? Ces murs n’ont aucune prise, et je ne suis même pas sûr que le meilleur des alpinistes puisse atteindre les 2m d’escalade sans glisser et tomber, alors moi ? Moi qui suis frêle, moi qui n’ai jamais eu le courage de faire quelques pompes ou quelques développés-couchés, moi qui ai le vertige, et moi qui suis faible et si fatigué à cette heure, est ce crédible ?
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MessageSujet: ...   Art et essai, surtout essai EmptyLun 20 Fév à 20:41

Creuser alors… Pourquoi pas essayer, je n’ai pas d’autre alternative finalement, et c’est avec méthode que je peux l’affirmer ! Je me dirige, à genoux, vers un de ces murs qui m’oppressent, et je commence à creuser. Mes mains légères et mes doigts déjà blessés me font un mal fou. Mais je lutte. Bien que la persévérance ne soit pas une de mes vertus, je développe une force morale qui, il faut bien me l’avouer, m’épate. Finalement, peut-être que la pire des maladies pour l’homme est le confort. Sans le confort, l’obésité ne prendrait pas ces proportions inquiétantes, les hôpitaux ne seraient pas envahis de personnes atteintes des maladies à la mode comme l’anorexie ou la boulimie, il y aurait moins de stress donc moins de suicides dépressifs… Mais non, il me revient tout à coup en tête ces images horribles du dernier journal télévisé où on voit le Sida, la Famine ou encore la peste faire des ravages dans les plus inconfortables régions d’Afrique. Finalement, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, la nature n’a pas décidé de nous épargner… Et puis pourquoi le ferait-elle ? Je crois qu’on lui fait tout autant de mal à la nature… ne devraient-on pas se sentir mal à force de déverser tant de polluants dans l’atmosphère, à force de détruire les forêts alors que la nature même a fait en sorte que ce soient ces forêts qui nous permettent de respirer ?

Creuser, encore et toujours… Toutes ces pensées ont au moins l’avantage de me faire oublier ces mains tuméfiées, glacées et pleines d’une glaise épaisse et gluante, qui plongent et ressortent tout aussi machinalement. J’ai déjà fait un trou d’environ 50 cm de profondeur le long de ce mur et même si je continue à creuser, je sais que cela ne servira à rien. Non, ce n’est pas le pessimisme qui m’anime encore une fois, mais plutôt une constatation qui me fait froid dans le dos. Cette expression m’amuse, puis-je avoir encore plus froid qu’en cet instant précis ? En tout cas, les faits sont là, le trou que je me tue à creuser se remplie d’une eau trouble et odorante. Bientôt, je ne pourrais donc plus creuser. Et je ne pourrais donc pas sortir d’ici… Mes bras meurtris tombent le long de mon corps courbé, je regarde ce trou et je ne peux plus bouger. Des larmes humidifient mes joues, puis commencent à couler avec conviction sur mon visage rongé par la fatigue.

Non, non et non… Je ne dois pas pleurer. Premièrement je ne dois pas perdre espoir, et deuxièmement, je suis assez déshydraté comme ça pour permettre à mon corps de se vider de son eau. Que m’étais-je dit tout à l’heure ? Je m’étais permis de douter sur mes chances de sortir d’ici, c’était évident de toute façon. Alors pourquoi suis-je si déçu ? Peut-être que sans me l’avouer, j’avais mis de l’espoir dans ce trou, ce trou difforme et malodorant. Il n’empêche que maintenant je suis sûr que tout seul je ne sortirais pas d’ici, comme tout seul je n’ai pas pu rentrer ici. Maintenant je dois attendre que ceux qui m’ont amenés ici reviennent me chercher. En faisant le tri dans mes idées tout à l’heure, j’ai un peu éclairci la situation. Tant personnellement que professionnellement, je n’ai pas d’ennemis manifestes. De ma vie je n’ai pas fait un délit, je n’ai trempé dans aucune affaire louche, je n’ai accepté aucun pot-de-vin, je n’ai ni femme ni maitresse, je n’ai même pas volé ce paquet de bonbon qui me faisant envie quand j’avais 8 ans… On ne veut donc pas me punir. C’est peut-être l’œuvre d’un malade qui veut ma mort. Mais j’en doute, les malades ont généralement des procédés beaucoup plus directs. Un rapt, un enlèvement… C’est la théorie qui fait le plus de bruit dans ma tête. Oui, le silence me désoriente tellement que j’ai désormais l’impression que chaque pensée qui m’anime fait un bruit particulier, parfois un craquement, parfois le bruit sourd d’une chute, quelque fois encore un bip long et très aigu. Si on ne vient pas me chercher je vais devenir fou, je vais devenir fou et je vais mourir. Je sens que je n’en ai plus pour longtemps, je suis trop fatigué, je ne pourrais même pas me relever et faire quelques pas.

Dormir… Oui, il faut que je dorme. Je ne pense plus qu’à ça, je n’entends plus rien d’autre que le bruit sourd qui caractérise cette pensée. Oui, dormir, c’est ce qui va utiliser le moins d’énergie, cela va mettre toutes les fonctions de mon corps en veilleuse, ainsi j’espère que je pourrais survivre jusqu’à ce que mes bourreaux, ou mes sauveurs, arrivent. Et puis, je sais aussi que s’ils n’arrivent pas, et bien, je ne souffrirais pas, je partirais dans un long sommeil, le plus long de ma vie puisque je ne me réveillerais pas. Oui voila, c’est ça, c’est la bonne solution. Enfin, peut-être pas la bonne, mais au vu de mon état actuel, certainement la meilleure.

Rassembler mes dernières forces… C’est à ça que je pense désormais, un bruit semblable à une brindille qui craque sous l’effet d’un pas léger. Je me traine laborieusement vers un coin de cette pièce qui, j’en suis de plus en plus sûr, sera mon tombeau. Je lutte, je me bats comme un diable, parfois je m’arrête, je souffle puis je repars, alors je m’arrête encore et je sens que je ne pourrais plus repartir, je resterais ici, au milieu de cette pièce sordide. Le bruit court, faible et répétitif d’une aiguille sur une des horloges de chez moi, je pense que je ne dois pas mourir au milieu, je ne sais pas pourquoi mais j’en suis certain. Alors je repars sans savoir ni pourquoi, ni comment, et finalement, j’y suis. Un dernier effort et je me retourne, je m’appuie sur le mur. Je n’ai plus le courage d’ouvrir les yeux. Tant mieux, pour dormir je n’en ai pas besoin. Et de toute façon, je n’ai aucune envie de regarder encore une fois mon tombeau, je le connais par cœur. Je me le remémore et un ce ces bruits qui envahissent depuis peu mon cerveau résonne encore, des paroles, d’abord chuchotées, 4 murs solides de briques rouge, puis ces paroles gagnent en intensité, pas de plafond mais un noir épais qui ne permet pas de voir à 10m, le suspens est insoutenable, un sol inégal et glaiseux avec un trou dans un coin, un trou dans lequel baigne un liquide opaque et qui depuis tout à l’heure répand une odeur abominable… Qu’est ce que c’est que cette odeur ? Mince, je suis sûr que je sais ce que c’est. Comme si je n’avais rien d’autre à faire que de tenter de me remémorer une odeur. Mais non, je ne l’ai jamais senti cette odeur abominable, je sais ce que c’est pourtant, j’en suis sûr désormais… c’est l’odeur de la mort. J’en suis sûr, je ne pense plus qu’à ça, un son assourdissant qui m’envahit cette fois, un bip fort et atroce qui fait tressauter les méandres de mon cerveau endolori, un son que lui aussi je connais… Ce son, je sens que c’est lui qui va m’emmener de l’autre coté, c’est lui qui va m’accompagner. Ah, c’est horrible, il est tellement fort, il va me rendre fou, il faut que je fasse quelque chose…


J’ouvre les yeux. Un blanc intense. Je ne vois rien, cela me fait mal même en fronçant les sourcils, c’est trop éblouissant alors je referme calmement les yeux. J’ai peur mais je suis calme. J’ai froid mais je n’ai plus mal. J’ai faim mais je ne me sens plus fatigué. Cependant, j’entends toujours ce son intense, ce bruit assourdissant s’est rapproché, il n’a jamais été si proche, ce bip affreux va faire exploser ma tête. Je ne sais plus quoi faire quand, machinalement, je sens mon bras se lever, tâtonner, échouer dans le vide, tâtonner encore et finalement s’écraser sur une forme mystérieuse. Le son a cessé.

Ce geste qui m’a surpris, je l’ai déjà fait auparavant, j’en suis sûr. Oui, c’est ça, cette situation ne m’est pas inconnue et ça me désoriente, je ne sais pas si je dois ouvrir les yeux, cela m’effraye. Je reste bien 2 minutes sans bouger, sans faire le moindre geste, sans même respirer je crois. J’ai l’impression que si je bouge, il va m’arriver les pires évènements possibles. Non ce n’est pas ça, ce n’est pas ça du tout. Je crois que finalement, j’ai compris pas mal de choses pendant ces interminables secondes d’immobilité, je crois que j’ai compris où je suis, je crois que tout s’est arrangé finalement, je crois même qu’il est possible qu’en fait, il ne se soit rien passé. Et tout ce que je crois, j’ai peur que si je bouge, si je rouvre les yeux, cela disparaisse et me laisse dans un désarroi complet et dans un lieu inconnu. Non, ce n’est pas possible, je ne crois plus maintenant, j’en suis sûr, mon cerveau est moins désordonné désormais et je sais que même si je rouvre les yeux, je vais me retrouver dans mon lit, certes un peu fatigué mais confortablement allongé.

Je m’assois sur le bord de mon matelas, je me prends la tête à pleine mains, je ferme et je rouvre les yeux, et ça plusieurs fois, je veux être sûr que je ne rêve pas, je veux être sûr que je ne rêve plus. Je me lève et ma tête tourne, je reconnais ma chambre, puis ma salle de bain, mais mes yeux ne me renvoient qu’une image floue, j’ai l’impression d’avoir fourni d’énormes efforts physiques pendant cette nuit. Elle a dû être mouvementée. Je vais aller prendre une douche, puis j’irai boire et manger, j’ai une faim de loup. Je tâtonne jusqu’à la douche, je mets de l’eau bien chaude. Je la fais couler sur mon crâne fatigué et cela me fait un bien fou. Allez, je vais me frictionner avec le gel douche afin de réveiller mes muscles endoloris par cette interminable nuit. J’en verse sur mes mains, AÏE… Une douleur certes assez faible, mais que j’ai ressenti intensément, ça me pique. Je me concentre sur mes mains, comme pour régler le focus de mes yeux.
Qu’est ce que c’est que ça ? Mes mains sont couvertes de boue, une boue qui a séché, qui forme une croûte craquelée impressionnante entrain de se désintégrer sous l’effet de l’eau. Mes doigts ! Mes doigts sont écorchés, certains saignent encore. Mon rythme cardiaque s’accélère, je baisse les yeux et regarde mes jambes. Mes genoux, mes mollets et mes pieds sont dans le même état. Le bas de la douche est plein d’eau et de terre mélangés, formant une glaise épaisse. Mon cœur va sortir de ma poitrine, ce n’est pas possible je ne peux pas y croire. J’ouvre la porte de ma douche comme une furie, je ne réfléchis plus, mes gestes ne sont plus contrôlés. Je suis ruisselant d’eau et de la boue dont sont couverts mes mains et mes membres inférieurs. Je ne prends pas le temps de décrocher une serviette. Nu, je me dirige vers la cuisine, traverse ma chambre en manquant de glisser sur le plancher. J’ai l’impression que désormais mon cœur ne bat plus, que mes poumons ne fonctionnent plus, et que mon cerveau, par manque d’oxygène s’est arrêté. Mes yeux sont bloqués sur l’horloge électronique qui orne le mur de ma cuisine. Il est 11h52, Lundi matin.
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Sowmnyfer
Son Excellence Gouddhique, Le Très Grand Gouddha
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MessageSujet: Re: Art et essai, surtout essai   Art et essai, surtout essai EmptyLun 20 Fév à 21:19

Je suis pas sûr de bien avoir compris la fin !
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le faucon taupe
Le Grand Gouddhiste aveugle (Label Qualité Gouddhiste)
le faucon taupe


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MessageSujet: Re: Art et essai, surtout essai   Art et essai, surtout essai EmptyMar 28 Fév à 17:47

j'avoue aussi..je ne suis pas bien sure d'avoir compris la fin...ou alors..tu es sadique..et tu nous laisse dans le suspens le plus complet..parce qu'honnetement...j'aimerais bien savoir ou il était!...qui..moi...curieuse..naaaannn ! ^^bon, franchement je trouve ca trés sympa..j'aime bien le style. Chapeau bas !
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MessageSujet: Re: Art et essai, surtout essai   Art et essai, surtout essai Empty

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